Question de société

L’abstention sous forme de ras-le-bol

By 3 juillet 2020 juillet 22nd, 2020 No Comments

Au lendemain d’une abstention record, notamment dans le département du Puy-de-Dôme, il atteint 59%, selon une estimation Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions, Radio France et les chaînes parlementaires. Jamais la participation n’aura été aussi faible lors d’élections municipales en France.

Insatisfaction, colère, dégoût de la politique, voire non-reconnaissance du vote blanc, essayons de comprendre les raisons d’une abstention aussi massive.

C’est pourtant simple : ne faudrait-il pas d’abord se poser la bonne question à savoir si « Le vote devrait-il être considéré comme un droit ou un devoir ? »

 

Les raisons de cet abandon

Evidemment, ce type de réflexion est plutôt sujet à être débattu en fac de Droit. Néanmoins, il amène une autre question si cet état est de manière à perdurer ou non.

Est-il ponctuel et/ou conjoncturel : la politique intéresse-t-elle les jeunes, Les non-diplômés, les personnes présentant un faible niveau d’intégration ?

Personnellement, j’en doute. Certes, les politiques s’intéressent à eux en les incluant systématiquement dans leur programme d’ordre général, notamment lorsque le sujet de comment combattre le chômage est à l’ordre du jour. Sinon, on peut remarquer que c’est un peu de manière démagogique qu’ils font référence à cette tranche de la population. En fait les élus locaux principalement, n’ont que très peu de pouvoir autre que les directives qui viennent au plus haut de l’Etat.

 

Pour en revenir au pourquoi du comment du taux d’abstention, il faut bien reconnaitre que nous avons bien d’autres préoccupations que l’élection d’un élu. Les soucis personnels de chacun d’entre nous se portent sur des aspects bien plus concrets et nous n’allons certes pas nous attarder sur des débats sans saveur.

Pour d’autres catégories l’abstention est forte, parce que c’est devenu une quasi-norme sociale. Je pense en particulier aux milieux populaires touchés par la crise, où l’abstention est aussi une façon de signifier sa défiance à l’égard de la classe politique dans son ensemble. Là, la dimension structurelle prend le dessus sur la citoyenneté et l’importance d’un vote.

 

Et puis, il faut bien rajouter que pour beaucoup, nous ne nous sentons pas représentés. Ok je l’admets, je fais partie de ces personnes désabusées. D’ailleurs ceux qui votent me font un peu penser à tous ceux et toutes celles qui, pour avoir accès à un magasin, portent un masque sous le nez, le touchent plusieurs fois par minute et le remettent dans une poche sale, avant de s’en resservir plusieurs fois depuis plusieurs semaines, pour éventuellement s’en débarrasser en le jetant par terre.

Pourquoi cette comparaison ? Parce que ces « malheureux » n’ont même pas la capacité à être objectif dans leur réflexion… Pardon, je vous ai offusqué ? Vous pensez peut-être que j’ai la dent dure à l’égard de mes contemporains, que j’ai une image déplorable de la société et que j’ai une haute estime de ma propre personne, c’est cela ?

Ne vous méprenez pas et réfléchissons ensemble, voulez-vous bien…  N’avez-vous donc jamais entendu ceux et celles qui déclarent voter pour une personne pour son aura, ou par cette phrase « c’est un beau garçon ; il présente bien ! » D’autres votent pour un parti parce que leur famille l’a toujours fait depuis des générations. On comprend que ces personnes n’ont pas lu le programme de « leur » candidat, et encore moins celui des autres listes.

Dans ces conditions, comment voulez-vous vous faire une idée de ce qui est proposé par les candidats si rien de tangible n’est soumis à un examen de réflexion ?

 

La discordance entre les propos et les faits

Dans les raisons du désintéressement complet des Français pour la politique, il faut aussi tenir compte du contexte actuel qui fait qu’à l’image de ce qui se passe au niveau mondial, il est vraiment difficile d’avoir beaucoup d’espoir pour la démocratie. Parce qu’au final, entre des programmes, que je qualifierai de « lunaire » et les vrais besoins de la société, le décalage est bien palpable.

Nous avons l’impression que les candidats (sans exception) nous racontent des foutaises ouvertement, sans aucune gêne d’ailleurs. Nous savons bien que « Les promesses n’engagent que ceux qui les croient » comme disait Monsieur Chirac. Qu’elles soient pharaoniques ou non, rien n’engage les candidats concernant des propos tenus lors d’une campagne électorale. Mais ils sont tout de même prêts à engager le risque que la commune soit en cessation de paiement.

Pour une entreprise privée, cela peut aboutir à sa liquidation judiciaire, autrement dit à la cessation de ses activités. Pourtant c’est une situation que le législateur n’a pas souhaité envisager pour une collectivité territoriale. Ni la loi no 82 213 du 2 mars 1982 relative aux droits et libertés des communes, des départements et des régions, ni la loi no 94 504 du 22 juin 1994 portant dispositions budgétaires et comptables relatives aux collectivités locales, ni aucun autre texte législatif ou réglementaire ne prévoient donc qu’une collectivité publique territoriale puisse se trouver en état de cessation de paiement.

Et au final, on peut voir le décalage entre ce que prêchent les élus et leur comportement, à l’instar de la députée de Paris Daniele Obono, qui se détermine comme afrofémniste, écosocialiste. A l’annonce de la nomination du dernier Premier Ministre Jean Castex, elle s’est permis de publier sur son compte Twitter, je cite :

« Nom : Jean #Castex Profil : homme blanc de droite bien techno & gros cumulard Fonction : gérer l’intendance de fin de règne de la #Macronie comme il a préparé le déconfinement, en mode « Démerdez-vous, c’est chacun(e) pour sa gueule, Jupiter reconnaîtra les sien(ne)s »

On peut se poser la question, si cette publication avait lieu d’être par une représentante de la République Française ?

 

Prendre en compte l’intégralité des suffrages

Du coup, l’impression nous est donnée que les politiciens ne sont avides que de pouvoir et/ou souvent des bénéfices qui vont avec. Leurs valeurs ? Loin des nôtres. Leur ambition est plutôt de marquer la ville de leur empreinte coûte que coûte pour être à jamais inscrit dans la mémoire de leurs concitoyens.

Voltaire n’avait-il pas dit, je cite : « Les titres ne servent de rien pour la postérité : le nom d’un homme qui a fait de grandes choses impose plus de respect que toutes les épithètes. »

Au regard des dernières élections présidentielles, nous nous sommes bien rendus compte que nos chefs d’Etat avaient été élus par défaut. Leur victoire tient seulement à l’élimination de l’autre candidat par pur dépit dans le dernier choix à faire. A cela, je ne peux pas légitimement reconnaitre une personne, de quelque parti qu’elle soit, sous prétexte qu’elle était élue à la majorité.

Et il faut donc que le vote blanc soit pris en compte, comme l’est le vote nul. C’est à cette seule condition que l’on pourra mettre fin à l’abstention. Car l’objectif est bien de faire reconnaître que le vote blanc est un acte citoyen qui se distingue de l’abstention. Que je sache, l’électeur s’est bien déplacé jusqu’à son bureau de vote pour exprimer une volonté politique de participer au scrutin pour déclarer son refus de choisir entre les candidats en lice.