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Les préjugés de la crise ukrainienne

By 24 février 2022 mars 2nd, 2022 No Comments

Avec un peu de réflexion et un minimum de compétences analytiques, il n’y a pas besoin d’être un géo-politologue de formation pour comprendre que l’on nous cache des choses concernant l’entrée en guerre de la Russie en Ukraine. Il suffit déjà de se rendre sur Wikipédia pour apprendre qu’historiquement, la ville de Kiev (aussi appelée Russinie), a été le premier État organisé à s’être formé dans la région.

Moscou s’est vraisemblablement constituée au 10e siècle, pour devenir au XIIe siècle un carrefour commercial important pour devenir la capitale de l’URSS en 1922. Avant cela, c’était Saint-Pétersbourg, ville portuaire russe sur la mer Baltique fondée en 1703 par Pierre le Grand, qui était la capitale impériale pendant 2 siècles. En Ukraine, le russe est la langue maternelle de plus de 60% de la population du Sud-Est de l’Ukraine. On peut donc comprendre que ces habitants ne souhaitent pas qu’elle devienne marginalisée, voire même discriminée comme l’est devenue la complexité de leur identité.

 

Quelques dates clés

En 1991 quand l’URSS s’effondre, l’Ukraine devient indépendante, c’est un fait, comme d’ailleurs la plupart de territoires dédaignés par l’Europe et négligés par la Russie, où les clivages claniques ou tribaux sont forts. On peut penser par exemple aux pays comme les républiques soviétiques du Kazakhstan, du Kirghizstan, de l’Ouzbékistan, du Tadjikistan et du Turkménistan ont créé de nouveaux Etats pratiquement ex-nihilo (à partir de rien !).

L’élection présidentielle de novembre 2004 marque un tournant pour l’Ukraine : la victoire du libéral Viktor Iouchtchenko qui va se tourner vers l’Occident, confirment l’existence d’un pays scindé en deux. Un peu plus tôt, ce sont 7 pays de l’ancien bloc de l’Est qui sont intégrés à l’OTAN (l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie, auparavant intégrés à l’URSS, à la Bulgarie, la Roumanie, la Slovaquie, auparavant appartenant au Pacte de Varsovie, et à la Slovénie, auparavant partie de la Yougoslavie.

De cette date jusqu’en 2007, l’Europe élargit son influence en incorporant neuf pays de l’ancien bloc soviétique. Alors au plus mal économiquement parlant, la crise du pays prend une autre envergure lorsque des accords d’association d’échanges commerciaux sont passés avec la Russie par Viktor Ianoukovitch, alors président de l’Ukraine. A ce moment, l’Ukraine était déjà en pourparlers avec l’Europe et c’est donc toute une contestation en partie dans les régions de l’Ouest de l’Ukraine où commence la révolution de Maïdan qui oblige le président à fuir le pays.

Note : on comprend pourquoi la Crimée, offerte à l’Ukraine en 1954 mais qui appartenait toujours à l’URSS, a toujours été considérée comme un point névralgique – de par son direct accès à la mer Noire, donc de la Méditerranée et de l’Atlantique !  Lorsque l’URSS disparait, la Crimée devient à cette instant une république autonome.

En 2015, les accords de Minsk II sont signés par Hollande-Merkel-Porochenko-Poutine avec des représentants des rebelles pour que les républiques auto-proclamées de Donetsk et Louhansk mettent en place un nouveau cessez-le-feu… jamais suivi par les faits.

Question : que font donc les Nations Unies et notamment le Conseil de sécurité pour la mise en place de ces accords ? Tous les Européens que nous sommes devraient être en mesure d’obtenir que cette instance nous rende des comptes concernant leur soi-disant diplomatie préventive et les médiations tenues depuis ces signatures, non ?!

 

L’absurdité du droit international

Le droit international définit les responsabilités juridiques des États dans leurs relations les uns avec les autres de même que la préservation de la paix et de la sécurité internationales. Questions :

1/ Quand est-il désarmement des pays alors que les dépenses militaires étant généralement analysées comme des dépenses improductives – et, donc, comme un gaspillage – ne cessent d’augmenter ?

2/ Leur réduction ne devrait-elle pas privilégiée en faveur de la croissance de son économie ?

3/ Pourquoi certains dirigeants politiques semblent juger qu’un contre-pouvoir devrait s’exercer, bloquant la négociation des accords multilatéraux en matière de désarmement pendant plusieurs décennies ?

4/ Que valent désormais les règles du droit international bafouées et utilisées les unes contre les autres ?

5/ Pourquoi ce qui est intolérable de la part de la Russie, ne l’est pas pour les US et le bloc européen ?

6/ La question que l’on devrait se poser ne devrait pas être celle de la vraie ‘valeur’ de ce droit international ?

7/ Avons-nous déjà oublié les mensonges des Etats-Unis à l’ONU pour justifier l’invasion en Irak ? On peut aussi rappeler par exemple le rapport qui a servi de prétexte à la guerre en Irak. Rien n’y indique que l’Irak avait des armes de destruction massive, et on comprend donc les réticences des autorités américaines à rendre ce rapport public. L’intégralité de son contenu ne visait pas seulement à protéger l’administration Bush ; non, le document donne aussi une très mauvaise image du renseignement américain qui manquait d’informations fiables.

8/ Voulons-nous répéter les bombardements en Libye et au Yémen très largement soutenus par les Français ? Rappelons-nous que dans les deux cas, ce sont des intérêts purement pétroliers qui ont causé des centaines de morts. Et je pourrais aussi mentionner les différents embargos sur l’Iran, Gaza, et plus récemment le Venezuela.

9/ Que faisaient les ministres des Affaires étrangères de l’Europe respectivement américain Victoria Nuland, canadien John Baird, suédois Carl Bildt, polonais Radek Sikorski, les sénateurs américains John McCain et Chris Murphy, le Chef de la diplomatie allemande Guido Westerwelle, la Vice-présidente de la commission européenne Catherine Ashton, Angela Merkel, et Laurent Fabius place Maïdan avec les manifestants ?

10/ Et qu’est-ce que pouvait justifier les véritables raisons de leur présence, sinon l’armement de l’Ukraine par les Etats-Unis, et alors, à qui profite la guerre ?

On s’aperçoit que finalement, des pays qualifiés de ‘développés’ ne sont ni plus, ni moins que des états totalitaires qui n’acceptent pas que d’autres nations aient leurs propres manières de gérer leur pays. Du même coup, elles se permettent de mettre leur nez dans leurs affaires intérieures. J’imagine ce qu’il en serait si un pays comme les Emirats Arabes Unis se permettaient de pointer du doigt le faible rendement de l’Administration française. Et pourtant !…

Finalement on y voit bien derrière tout cela les manigances des grands industriels, les actions sournoises des lobbies de toutes sortes et bien sûr, les chantages et exactions des services secrets de cetains pays concernés.

 

Les (habituels) non-dits des médias

Les initiatives diplomatiques n’ont pourtant pas manqué pour tenter de désamorcer les tensions, mais depuis longtemps, la Russie exige en effet un engagement écrit sur le non-élargissement de l’Otan à l’Ukraine et à la Géorgie. Un accord tacite existait d’ailleurs à ce sujet, sauf que cette requête a été considérée comme « non-négociable » pour les Occidentaux. Comme l’a été celle du retrait des forces et des armements de l’Alliance atlantique des pays d’Europe de l’Est ayant rejoint l’Otan après 1997, notamment concernant la Roumanie et la Bulgarie. On pourrait se demander pourquoi… enfin plus maintenant !

Puisque l’on sait à présent que le coup d’état du Maïdan est le fait des occidentaux et notamment des Etats-Unis d’Amérique qui ont consacré 5Mlrds de dollars. Derrière tout cela, ils ont pendant des années, voulu changer et former les esprits ukrainiens sous la forme de propagande à l’antagonisme existant entre la Russie et les régimes occidentaux. Et que dire des manœuvres militaires répétées des Etats-Unis en Mer Noire…

Quel aurait été la position de l’Etat français si l’Allemagne (ou tout autre pays !) avait voulu annexer l’Alsace et la Lorraine ? J’ose imaginer que nos dirigeants n’auraient pas vu cela d’un bon œil, et pourtant c’est précisément ce à quoi se résument les actions des Etats-Unis et de l’Europe en Ukraine depuis au moins dix ans ! De mon point de vue, que la Russie ait décidé de réagir face à ces provocations et mettre un terme à la guerre, est tout à fait normal.

Il y a quand même un élément particulièrement frappant dans le traitement de l’affaire ukrainienne par la presse européenne, et notamment française : c’est l’absence totale d’analyse de la mentalité de la population de l’est de l’Ukraine, comme si cette dimension – qui concerne tout de même presque 7 millions d’habitants – n’avait aucune importance. Or, aujourd’hui la communauté internationale semble découvrir une situation qui n’est qu’une crise larvée vieille de plus de vingt ans. Bizarre, non ?… Dans ce conflit, on perçoit bien toute l’hypocrisie des alliances de l’Ouest et des médias qui leur servent de relais ; c’est tout simplement affligeant !

La propagande russe n’est pas meilleure que celle étasunienne, mais force est de constater que les médias mainstream se consacrent uniquement qu’à un seul point de vue. Nous, Européens, sommes donc amenés à foncer tête baissée sur des considérations biaisées sans jamais vouloir en comprendre les tenants et aboutissants de cette intervention russe en Ukraine.

Après les menaces de l’Otan, via les bombardements visibles dans les deux républiques séparatistes du Donbass depuis mai 2014 et cette recrue d’essence de la présence aux abords de la Mer noire, la Russie a décidé de réagir face à ces provocations en mettant l’Ukraine face à ses responsabilités.

Les occidentaux auraient donc tout intérêt à écouter plus attentivement ce que dit Mr. Poutine : généralement, les Russes font ce qu’ils disent et disent ce qu’ils font !