Question de société

Les incohérences de l’hôtellerie

By 8 novembre 2019 novembre 12th, 2019 No Comments

Récemment, le Président de l’UMIH Auvergne-Rhône-Alpes, Monsieur Alain Grégoire, faisait part de, je cite : « recruter 250 postes vacants ». Pour être plus précis, il souhaitait le lancement d’une opération séduction pour les métiers du secteur de l’hôtellerie et restauration auprès des jeunes.

Moins de trois semaine plus tard, l’article suivant: « Tourisme : L’hôtellerie clermontoise à l’assaut des marchés russes et chinois », paraissait.

Pour avoir été personnellement au contact de certains jeunes déjà en poste, je peux affirmer qu’une fois arrivés sur le marché de l’emploi, ils n’ont pas toute la maitrise des compétences nécessaires pour travailler dans ce métier.

Ils ne sont pas non plus réellement formés à l’amplitude horaire et présence à fournir au sein d’un établissement et à la multitude des tâches à accomplir – cette fameuse polyvalence qui caractérise toutes les fiches descriptives des postes actuels.  Une autre aptitude qui leur fait naturellement défaut, elle qui s’acquiert, avec le recul et tout au long d’une expérience professionnelle, celle du savoir-être.

 

Oui bien sûr, la Présidente du Club Hôtelier Clermontois peut bien, je cite : « marteler » ce qu’elle veut. Quelle est la vision des recruteurs ? Où vont-ils trouver les talents nécessaires pour servir toute cette clientèle russe et chinoise ? Ces jeunes ont-ils seulement un niveau acceptable en anglais pour accueillir les visiteurs étrangers actuels ?

Et pourtant, il faudrait peut-être que nos ‘amis’ Directeurs/Directrices d’établissements et autres RRH revoient leur copie des modes de fonctionnement dans le cadre du recrutement. Vouloir absolument embaucher des jeunes sur la base qu’ils ne coûtent « pas chers », tout en faisant la fine bouche sur des profils ayant choisi une reconversion, laisse plutôt pantois.

 

Je le sais d’autant mieux, que j’ai dû me résoudre à interrompre une formation commencée sept semaines auparavant, faute de trouver un établissement touristique / hôtelier intéressé par mon projet de reconversion et prêt à m’accompagner sur une année.

J’aimerais donc comprendre ce que les hôteliers souhaitent privilégier : le coût à la qualité ? La médiocrité à l’excellence ? Leur autodestruction par un accueil approximatif réservé à la clientèle l’internationale à la recherche de cette fameuse ‘expérience client’ ?

C’est à se demander si finalement, l’appel du pied des Présidents d’association diverses à vouloir dynamiser un secteur d’activité dit « en tension », est bien légitime.

 

 » Encore et toujours cette frilosité très ‘Made in France’…

ou est-ce seulement auprès des dits ‘séniors’ ? « 

 

Une situation générale inquiétante

Alors au-delà de cette formation écourtée qui aura eu un gout d’inachevé, c’est le secteur de l’hôtellerie dans son ensemble qui aura perdu de sa crédibilité à mes yeux. Durant cette formation, plusieurs choses étonnantes ont été mises en valeur.

Rendez-vous compte que depuis le début de l’année 2019, les partenaires sociaux de ce secteur n’ont pas réussi à se rencontrer.

Et alors me direz-vous ?…

Ne pouvant pas statuer sur un taux horaire minimum (en principe supérieur à celui du Smic), ce sont la plupart des employé(e)s de ce secteur qui peuvent se sentir floué(e)s. Du coup, avec une grille ses salaires qui n’a pas été actualisée, on ne peut guère s’étonner qu’il y ait des personnes diplômées et polyglottes qui ne sont payées qu’au Smic.

Question : faut-il que les Responsables des Ressources Humaines continuent de composer des fiches de poste très élaborées si c’est pour rémunérer leurs employé(e)s dans ces conditions ?

 

Difficile donc de bien tout comprendre : est-ce le résultat d’une tendance actuelle du marché de l’emploi dans son ensemble ou l’abus dans un secteur dit « en tension » ? Simplement, il me semble que « l’opération séduction » ultérieurement citée, n’aura lieu que lorsque tous les acteurs de ce secteur d’activité auront fait une auto-évaluation efficace de leurs modes de fonctionnement.

D’ici là, les métiers de l’hôtellerie risquent de se retrouver encore en pleine mutation face aux attentes toujours plus élevées des clients, ce qui pourrait aussi se révéler être un nouvel abysse à combler si les bonnes dispositions ne sont pas mises en œuvre très rapidement.