Question de société

Le journalisme dans tous ses états

By 11 octobre 2019 décembre 3rd, 2019 No Comments

Le principe de la liberté de l’information et d’expression impose de s’opposer à toute censure. Merci donc au journalisme d’exister et de rendre compte de faits aussi banals pour certains, que de mettre en lumière d’autres aspects de la vie.

Si l’on s’en tient à sa définition comme elle est publiée sur Wikipédia, le journalisme est, je cite : « l’activité qui consiste à recueillir, vérifier, et éventuellement commenter des faits pour les porter à l’attention du public dans les medias en respectant une même déontologie du journalisme. »

Petit à petit, ce métier a fait face à une grave crise qui s’est accentuée depuis plusieurs décennies, circonstances amplifiées depuis l’apparition des réseaux sociaux. Car si rien n’est plus difficile que de vérifier des sources avant publication, c’est la course à l’information et « l’infobésité » (comme le qualifierait Anne-Sophie Novel) qui semble l’emporter.

Une invitation initiée par le quotidien régional local à l’occasion de son centenaire, donnait au public l’opportunité de nous faire connaitre cette journaliste. Sa récente enquête retranscrite sous forme de reportage intitulé « Les Médias, Le Monde et Moi » met en exergue le malaise en interne et en externe de cette profession.

Un métier en quête de rachat et de crédibilité car des histoires fabriquées qui se présentent comme un journalisme sérieux, ne vont probablement pas disparaître du jour au lendemain. Elles sont devenues légions et un moyen pour certains écrivains de gagner de l’argent et potentiellement influencer l’opinion publique.

A titre d’exemple, on peut citer la dernière bévue qui annonçait que Xavier Dupont de Ligonnès avait été arrêté en Ecosse. Moins de 48 heures plus tard, les gros titres faisaient état que l’homme arrêté en Écosse n’était pas Xavier Dupont de Ligonnès.

 

Il n’est effectivement pas rare qu’un journaliste se fasse suggérer un angle pour rendre la nouvelle afin de répondre aux attentes de l’organisation qui diffuse la nouvelle. Malgré tout, et si l’on reprend le cas précédemment cité, de nombreuses questions viennent à l’esprit :

  • Quelle était donc l’idée d’accréditer une telle information ?
  • Celle-ci était-elle seulement vérifiable ?
  • La presse ne pouvait-elle pas attendre alors même que le Procureur de la République avait réclamé beaucoup de prudence ? – d’ailleurs dans ce cas précis, la police elle-même avait besoin des résultats des tests ADN effectués sur le suspect pour valider l’information.
  • Et surtout pourquoi ce titre apparaissait à la Une d’une presse locale différente à celle où le drame s’était déroulé ?

 

Dans cet imbroglio de course à l’information, il faut retenir ce constat d’impuissance lié à la tendance actuelle : un environnement où la souffrance d’une catégorie de journalistes est palpable.

Quelques-uns d’entre eux, ont donc fini par créer leur propre support, afin de raconter les choses autrement. Pourtant, c’est cette culture du sensationnalisme qui a rattrapé l’une de ces nouvelles approches : alors qu’au départ cette nouvelle forme de journalisme avait créé un fort engouement, cette nouvelle offre éditoriale s’est vue immédiatement sanctionnée par ses lecteurs pour ce manque de clairvoyance.

 

Quelles conclusions en tirer ?

Le premier enseignement est qu’il existe une vraie cassure, une sorte de déséquilibre dixit Stéphane Paoli (avec plus de 40 ans de journalisme à son actif), entre l’opinion qui doute profondément de la véracité des articles et de l’aspect éthique du métier de journaliste.

Ensuite, que nous, lecteurs, devions changer nos habitudes de lecture concernant le type de medias qui nous abreuvent d’informations – vérifiées ou non – du matin au soir.

Cela veut dire, faire confiance à une presse plus locale qui couvre des nouvelles qui nous concernent dans nos vies quotidiennes, où le journaliste a très peu de chances de subir de pression.

Le fameux écrivain irlandais Oscar Wilde (1854-1900) à son époque disait déjà, je cite : « La différence entre littérature et journalisme, c’est que le journalisme est illisible et que la littérature n’est pas lue. »

Il semblerait qu’au 21ème siècle, cette citation n’ait toujours pas pris une ride et est toujours d’actualité.

 

Voici ce que dit l’Article 19 Déclaration universelle des droits de l’homme je cite : « Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontière, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit. »

Ma réflexion est : « Oui, mais à quel prix ? »