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L’alternance professionnelle et ses dérives

By 30 septembre 2021 décembre 10th, 2021 No Comments

Si chaque année l’alternance séduit autant d’étudiants dans la poursuite de leurs études ou de professionnels plus expérimentés en quête d’une reconversion, c’est notamment dû à ses nombreux avantages. On peut évoquer l’expérience acquise, le salaire perçu, les coûts de scolarité pris en charge, la possibilité de se voir offrir un contrat en fin de parcours, etc…

Dans tous les cas, on ne choisit pas une formation en alternance par hasard. A la clé est proposée une professionnalisation sanctionnée par un diplôme. Celui-ci doit donner direct accès à des débouchés au sein d’un secteur d’activité choisi. Dans ce contexte, il n’est donc pas rare que les organismes de formation aient créé un lien avec des entreprises locales sous la forme de partenariats, lesquels seront propices au placement de leurs candidats en stages ou en contrat de professionnalisation.

En théorie, c’est un bon compromis pour les étudiants à la recherche de cette première expérience si importance. Sur le papier, tout est réuni donc pour l’expérience soit une totale réussite…

 

Une offre bien emballée

En tout début d’année, je décidais de choisir cette voie, me disant que ce qui était bon pour les autres, devait l’être aussi pour moi. Ainsi, tout a commencé lors de l’une de ces réunions de présentation d’un de ces centres en avril dernier. L’introduction faisait état d’une formation dont les résultats laissaient à penser à la légitimité de cet établissement et de sa manière d’opérer.

Malgré mon expérience et mes nombreux déboires, je n’ai pas suspecté que la Responsable pédagogique et administrative avait très largement survendu les possibilités de l’école à aider les alternants à trouver leur futur employeur.

Je ne sais pas quel est le nombre d’offres qui ont pu être générées par cet organisme de formation pour la rentrée 2021/2022, mais si l’on se réfère à l’aide dont j’ai pu bénéficier, on peut penser que le ratio doit être très faible – quoi qu’ils en disent.

Et ce n’est pas la Responsable du développement et de l’innovation de l’établissement, référente en mobilité nationale et internationale qui pourrait stipuler le contraire. La meilleure preuve réside dans le fait qu’en quatre mois, aucune offre m’ait été formulée sur le bassin puydomois. En grattant un petit peu plus, on s’aperçoit que l’équipe chargée de nouer des relations avec des entreprises partenaires avait effectivement des contacts au sein d’entreprises… rhônalpines, mais rarement au-delà de ce territoire.

Ce fut donc le cas me concernant !

 

On parle de réseau, oui mais… 

Et pourtant, les personnes liées à cet organisme de formation n’hésitaient pas à reprendre le crédo du site internet, lequel je cite : « l’école créée par et pour les entreprises, s’appuie sur la force et la densité du réseau d’entreprises, etc… »

Je serais tenté de dire « De quel réseau parle-t-on ? » Dans mon cas, je n’ai pu en tirer parti, et ce n’est pas la représentante locale d’une organisation patronale connue, qui me démentirait là non plus.

Après l’avoir contactée, elle m’a assuré n’avoir aucun levier lui permettant de m’obtenir un entretien auprès d’un des dirigeants du réseau en question. Pire, ma candidature a été proposée qu’à seulement six entreprises, dont aucune a dénié répondre, ce qui prouve le faible niveau de relations entre l’agent et les entreprises en question.

« Les promesses d’hommes sont pareilles aux vagues de la mer : elles meurent aussi vite qu’elles naissent. » Gilbert Sinoué

 

On peut convenir que le personnel de ces organisations sont aimables et volontaires. Néanmoins, et lorsqu’il s’agit qu’ils vous recommandent une entreprise en particulier, ils ne peuvent pas le faire. Leur réseau à eux, est simplement virtuel dû au fait que ces gens-là n’ont que très peu de vis-à-vis. Beaucoup n’ont toujours pas compris que cette pratique se fait sur le terrain et non pas assis sur une chaise de bureau devant un écran d’ordinateur.

Au final, leur plus-value réside dans le conseil que ces agents peuvent vous formuler, un exercice qui consiste surtout à faire l’inventaire des aides et démarches à suivre.

Et une fois de plus, on peut constater qu’en France, la culture n’est pas au partage : chacun réunit une grande quantité de contacts, des données qui sont très rarement sinon jamais exploitées pour la bonne et simple raison que personne ne sait quoi en faire.

 

Déception toute relative

Franchement, je peux le dire : de cette tentative initiée il y a cinq mois, j’en attendais plus, et c’est donc une sorte d’amertume qui me restera à l’esprit. J’ai tout de même passé beaucoup de temps à remodeler mon CV, constitué une liste d’une trentaine d’entreprises à cibler, puis adressé plus de 80 candidatures, établi des suivis et relancé de nombreuses firmes. De ces activités, seul deux entretiens téléphoniques auront été actés.

Mais à toute épreuve, est une occasion donnée pour découvrir une autre face de l’Alternance. Dernièrement, une ville de moins de 5 000 habitants était à la recherche d’un alternant dans le secteur d’activité de la communication. Ce qui m’a fortement interpellé, c’est que cette commune souhaitait recruter une personne avec deux ans d’expérience.

Questions :

  • Comment peut-on abuser à ce point des demandeurs d’emploi ?
  • Comment une personne (jeune ou moins jeune) qui souhaite se former dans un domaine dont elle ne connaît rien, peut-elle avoir deux ans d’expérience ?
  • Le but de l’alternance n’est-il pas justement d’acquérir ces compétences ?

J’ai trouvé cela tout à fait scandaleux et je me suis permis de leur en faire part.

 

Une analyse récente de près de 4 millions d’offres d’emploi publiées sur LinkedIn depuis fin 2017 a montré que 35 % des offres d’emploi pour des postes « d’entrée de gamme » demandaient des années d’expérience professionnelle pertinente. Cette exigence était encore plus courante dans certaines industries.

Plus de 60 % des offres d’emploi pour les logiciels d’entrée de gamme et les services informatiques, par exemple, nécessitaient trois ans ou plus d’expérience. En bref, il semble que les emplois de niveau d’entrée ne soient pas du tout destinés aux personnes qui entrent sur le marché du travail.

Alors surtout, que personne ne vienne me parler des 300 000 emplois soi-disant ‘non pourvus’ et largement relayés par nos gouvernants et la Ministre du Travail – je saurais quoi leur dire !