Sport

Le sport dans tous ses états

By 2 avril 2020 avril 23rd, 2020 No Comments

Décidément, il sera dit que le Sport, tel que je le conçois – sa noblesse, son éthique – n’existe plus. Et ce ne sont pas les quelques (trop) rares effets d’annonce qui feront que les instances sportives toutes confondues, ressortiront grandies de cet épisode lié au Coronavirus.

Des valeurs supposées transmises comme la tolérance, le respect, l’honnêteté, l’honneur, le courage, et la camaraderie, j’ai bien peur qu’aucune ne puisse actuellement convenir pour qualifier ce qui se passe dans les salles de réunions.

 

Les vraies valeurs du pouvoir

Depuis le début du confinement, les questions des responsables de clubs et entraineurs ont été de connaitre :

  • Quelle serait la durée de cet isolement ?
  • A partir de quand pourrait-on envisager la reprise des entrainements ?
  • Quand vont reprendre les compétitions ?
  • Sous quelles formes : fin des championnats dans leur format actuel ou sous forme de poule / quart de  finale / demi-finale ?
  • Dans quelles conditions : huis-clos ou présence du public ?

Au fond d’eux-mêmes, tous ces décisionnaires avaient en tête :

  • Ce que cette épidémie allait coûter à leur club
  • Les moyens pour limiter les pertes de budget
  • Les décisions futures pour éviter l’endettement en ligne de mire.

Je veux bien entendre que les structures sportives sont devenues des entreprises à fric, des rouleaux compresseurs, où l’humain n’est plus au centre des débats. Pourtant la situation sanitaire actuelle, aurait permis aux acteurs économiques impliqués de tout remettre à plat : compétitions, calendriers, règles, nombre de joueurs, masse salariale, et autres…

 

L’absence de financement dans le sport

Certaines équipes et ligues peuvent avoir des dispositions contractuelles ou des polices d’assurances qui peuvent couvrir une partie de leurs revenus perdus. Ce qui est sûr, c’est que les effets de tout arrêt prolongé auront un impact qui durera après la reprise du jeu et bien au-delà de la saison actuelle.

Quelles que soient les dispositions d’urgence pouvant exister dans les contrats de télévision, ce dont on est certain, c’est que les clubs auront des pertes au moins équivalentes à plusieurs dizaines de millions d’euros.

N’oublions pas aussi que les arénas et les stades étant fermés, des centaines de travailleurs utilisés en tant qu’extras ont vu leur salaire disparaître.

Donc oui, tous les acteurs du sport et ceux qui gravitent autour sont et vont être très largement impactés, certains dû à une mauvaise gestion, d’autres parce qu’ils se seront crus trop beaux, quand les autres seront mis devant le fait accompli.

 

Un questionnement encore inaudible

En parallèle des questions économiques, il y a encore un autre type d’interrogations comme par exemple celles concernant l’état physiologique des joueurs. Depuis le confinement, tout le monde semble se préoccuper essentiellement des dates de reprise et du manque à gagner : très peu de la sante des protagonistes. Et pourtant !…

Certains sont actuellement sous contrat avec un club mais se sont déjà engagés (ou sont en passe de le faire) pour soutenir un nouveau projet et arborer des tuniques différentes dans les prochaines semaines.

  • Doit-on s’attendre à ce que ces athlètes soient au meilleur de leur forme dès la reprise ?
  • Peut-on parier que le  retour des compétitions à haute intensité, sera prompt à de nouvelles blessures ?
  • N’y-a-t-il pas suffisamment d’incertitudes pour que ces mêmes joueurs, puissent inconsciemment, lever le pied après une troisième pré saison ?
  • Quel va être l’impact sur leur santé mentale ?
  • Les raisons économiques devraient-elles prévaloir sur la santé des athlètes ?
  • Doivent-ils accepter des risques élevés ou incertains de blessures graves ?
  • Quelle norme de sécurité médicale ou de sécurité juridique est appropriée en ce qui concerne le « droit au risque »?
  • Y-a-t-il aux clubs et au sein des instances nationales, des personnes compétentes qui se soucient de la santé ?

 

Une saison blanche pour les fans

La visibilité des athlètes d’élite d’aujourd’hui exacerbe la pression, notamment à cause des réseaux sociaux. Personnellement, je pense que le moment est venu de prendre soin d’eux. Comment ?

En pétitionnant massivement pour que l’arrêt des saisons régulières soit instauré. Pourquoi ?

Parce que les conditions de la reprise seront largement tronquées et que les résultats à venir pourront difficilement être jugés comme légitimes. Mais avant tout, nous supporters aimons les joueurs ; nous ne les assimilons pas à une valeur marchande !

Cette épidémie aurait déjà dû inciter les responsables des fédérations pour statuer sur une saison blanche. Au-delà de la compassion, les efforts fournis dès la prochaine saison auront un sens commercial : des joueurs plus heureux mènent à des joueurs plus performants, ce qui conduit à plus de victoires, non ?…

 

Finalement le vrai casse-tête pour les dirigeants français et européens, ne serait-il pas de faire appel à un petit peu plus de bon sens en faisant abstraction des egos de « Qui a gagné quoi cette saison ? »

En préparant la prochaine saison avec un petit peu plus de sérénité, tous ces clubs ne pourraient-ils pas se retrouver pour le plaisir du jeu et vivre une aventure humaine ensemble ?